Interview de William Chevalier (11/12/2016)
William habite à Morlaix dans sa caravane. Il a 18 ans, fait du cirque, du théâtre, joue de la basse et imagine faire des études de cinéma.
Te considères-tu ou t'es-tu un jour considéré comme étant punk ?
William : Sûrement plus au collège que maintenant. Je pense que c'est un mouvement qui m'a initialement aidé dans le sens où grâce à son style, j'ai pu me construire une "carapace". Aujourd'hui, je me considère plus comme un "hippie-punk". Bien que l'esthétique soit différente, ils ont tout deux pour valeur la Liberté, et comme j'ai tendance à mélanger les genres, c'est ce qui me correspond le plus. Mais à vrai dire, se considérer comme punk, est-ce vraiment punk ?
Quelles-sont les valeurs fondamentales d'un punk ?
C'est difficile de parler de valeur pour un punk, car sa valeur est bien de ne pas en avoir ! Et puis, c'est aussi très subjectif car c'est un mouvement en évolution permanente. En Grande-Bretagne, en 1969, il y a eu les skinheads ou encore les Mods (The Who). En fin de compte, le punk selon moi est surtout lié à l'insoumission. A l'origine, les punks sont no future, rêvent de vide, et je pense qu'ils voient la vie en noir et blanc.
Pour toi, en tant que punk, quelles sont tes valeurs ?
Je suis persuadé qu'être punk, c'est être ouvert d'esprit, savoir rester un enfant, vouloir le changement et se battre pour casser les codes et éviter les normes. Et pour ça, il faut même casser les codes des punks ! Mais pour moi être punk, c'est aussi pratiquer l'autodérision, c'est la création avec rien (le do it yourself !), c'est l'insoumission, la liberté, l'individualisme... Et surtout, savoir se remettre en question ! En fait, je pense que le punk est assez proche de l'existentialisme. Il faut toujours rester libre, aimer les choses nouvelles et originales qui sortent de la tête de chacun, et pour finir, le punk c'est se battre contre la pensée unique !
Le punk existe-t-il toujours aujourd'hui ? Si oui, sous quelle forme ?
Pour moi, le punk existe toujours malgré tout ce que on peut en dire. C'est un mouvement qui se doit d'évoluer pour lutter contre les stéréotypes. Aujourd'hui, le punk ressemble plus à un yes future, auquel je suis d'ailleurs favorable. D'après ce que je vois, leur but est toujours de lutter contre les codes établis. Et d'ailleurs, il le faut car l'université c'est la mort ! De toute façon, c'est un mouvement qui est obligé de changer à cause de l'évolution de la société. De toute façon, on parle de punk, mais il existe sous beaucoup plus de formes qu'on le croit. S'habiller en femme, c'est punk, et pour ma part je mets du mascara. L'art peut être punk aussi, regarde le mouvement Dada par exemple. Pour finir, bien qu'on croise de moins en moins de punks avec des rangers et des iroquoises, c'est un mouvement toujours présent chez les jeunes, même si il l'est peut être inconsciemment. Customiser ses fringues avec des badges ou acheter ses vêtements en friperie, c'est punk !
Pourquoi le punk est-t-il devenu un cliché ? S'est-il lui même enfermé dans ses propres règles ?
Le punk est devenu le "tout pourri" qui emmerde tout le monde, le "méchant" entre autre. Dans les années 1980, par exemple, dans les jeux vidéos, le punk prenait le rôle du méchant ! Je ne sais pas vraiment si on peut dire que c'est de leur faute car d'un côté, ils se sont eux-mêmes vendus comme étant une attraction touristique, mais d'un autre côté, ils ne peuvent rien contre la morale des gens. Moi, par exemple, quand j'allais avec des copains au Leclerc, j'étais le seul à me faire fouiller, tout comme une fois on a appelé la police car on m'accusait de vol ! De même, quand je dis que je suis punk ET végétarien, les gens ne comprennent pas. Ca leur semble incompatible, car pour eux, punk est synonyme de violence. Alors oui, en effet, pour certains, cette violence à outrance s'avère vraie, mais ce n'est pas la solution. Je pense que si on lit entre les lignes, les punks veulent nous livrer un gros message d'amour semblable à celui des hippies bien qu'ils restent moins passifs qu'eux.
Pourquoi dit-on souvent que le punk est mort ?
Sans doute parce qu'il est tombé dans ce dont il s'est toujours battu... Le punk s'est stéréotypé lui- même, à tel point que les punks doivent lutter contre les punks ! On en est arrivé au point où un mouvement, la no wave, s'est créé pour contrer la new wave, un autre mouvement issu du punk. On parle aussi d'un groupe de hippies ayant fait un disque avec une pince à linge pour se moquer de l'épingle à nourrice punk. Ou encore, Ludwig Van 88 qui arrive à un festival punk avec une chemise à fleurs pour sortir de la convention du mouvement. Toutefois, on dit peut-être que le punk est mort car on ne le voit plus. Je parle ici de ceux qui vont en rave, en "teuf", il s'agit peut-être là de la relève.
Pour conclure, quelques groupes ou chansons importantes à tes yeux ?
Les Beruriers Noirs sans hésiter. Parce que, comme eux, je vois le punk comme un yes future. Ils veulent faire bouger les choses et ont un réel message à faire passer. A vrai dire, je suis même un fan, je commence à avoir une bonne petite collection de vinyles des Béru !
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