The Clash et les Sex Pistols ne sont pas seuls ! (18/12/2016)
On ne peut dire que le punk se limite aux années 1970 ni aux jeunes gens en bombers et rangers. Si le punk est issu des Etats-Unis, un pays dont l'histoire remonte à 1607 avec l'arrivée des premiers colons anglais, il semble évident que ce mouvement s'est enraciné dans la culture européenne et cela depuis la fin du Moyen Age.
En effet, il s'agit d'un mouvement que l'on peut associer à la vie et à l'oeuvre de François Villon et de François Rabelais jusqu'au mouvement Dada, apparu à Zurich en 1916, et à l' Internationale Situationniste créée en Italie, en 1957, sous l'impulsion de Guy Debord.
Tout comme les punks, ils militent pour rétablir le vrai, sans négliger l'humour, la farce et le besoin de négation.
Le dadaïsme est l'une des premières révolutions contre-culturelles. Né en 1916, à Zurich, au Cabaret Voltaire, il réunit autour de Hugo Ball et de Tristan Tzara des personnalités au tempérament anarchiste, hostiles aux règles de la bienséance et du bon goût. Le nom de Dada semble avoir été choisi au hasard dans un dictionnaire. Il s'agit d'un mouvement intellectuel, artistique et littéraire, dont l'action s'est déplacée au fil du temps en Allemagne, en France et aux Etats-Unis.
Tout à commencé avec Hugo Ball lorsque, sur la scène du Cabaret Voltaire, il déclame impassible, un poème à base d'onomatopées suscitant le fou rire du public. Dada commet ses premiers actes fondés sur le bruit et la provocation au moment où gronde la Première Guerre mondiale. Son principe est de jouer, comme des enfants privés de contrôle parental, avec les convenances, tout en usant d'un humour ravageur dénonçant l'Eglise et l'Armée. Pas de quartier pour Dada ! Il n'y a aucune limite pour critiquer les horreurs de la guerre et la bêtise sous toutes ses formes. Surtout, les dadaïstes sont à la recherche d'une liberté qui ne butera sur aucune frontière.
Parlons maintenant du tout premier punk, probablement né à Paris, en 1431. Voici François Villon, le poète le plus célèbre de son temps. Etudiant indiscipliné, il tue un prêtre à l'âge de 24 ans, s'exile, mène une vie misérable dans l'errance, est emprisonné, libéré puis à nouveau condamné, mais cette fois à la pendaison. Banni dix ans, jusqu'à ce que l'on perde finalement sa trace. Villon est particulièrement connu pour son poème "La ballade des pendus", considéré comme étant son testament. Une longue plainte demandant au lecteur de se placer sous le regard de la compassion.
Et maintenant, Rabelais. "Polémiste, encyclopédiste, savant, grand voyageur épris de tolérance, moraliste sans morale, éducateur, ivrogne, humaniste camouflant son humanisme sous des torrents d'obscénités, romancier se servant du réalisme au seul bénéfice de l'imagination, linguiste maître du langage et créateur de mots, Rabelais est un précurseur dans tous les domaines et la plus comique de nos énigmes", selon Jean d'Ormesson dans Une autre Histoire de la littérature, tome 1.
Sa vie est imparfaitement connue et de nombreuses hypothèses ont été envisagées à son sujet, mais nous savons tout de même qu'il était un très grand humaniste et qu'il avait pour ambition de faire rire tout en instruisant. Il a vécu au 15e siècle et le punk en lui, était le fait qu'il cherche à privilégier les "mots de gueule" autrement dit les gros mots. Il cherchait donc à réinventer le langage, et en quelque sorte, à ne pas tenir compte des règles apprises. Ainsi, grâce à ses livres, notamment Pantagruel et Gargantua, Rabelais lutte en faveur de la liberté, celle qui autorise la possibilité de se moquer y compris des puissants.
L'Internationale situationniste, principalement fondée en 1957 par Guy Debord, révolutionnaire français de la deuxième moitié du XXe siècle et auteur de La Société du spectacle, est un mouvement fondé sur la critique des faux-semblants et des marchandises, préférant l'exaltation de la vraie vie à l'art imitant la vie, appelant à l'insurrection de tous les instants, soit à la fête et au joyeux désordre. L'Internationale Situationniste inspirera profondément la révolte de Mai 68 avec des mots d'ordres tels que "Interdit d'interdire" ou "Ne travaillez jamais".
Poursuivons avec le rap. Issu des ghettos aux Etats-Unis, celui-ci émerge dans les années 1970, c'est à dire à la même période que le punk. Toutefois, il semble avoir résisté plus longtemps que le punk bien qu'il ait souvent répondu aux sirènes du commerce. Il est possible de considérer le rap comme le mouvement ayant succédé au punk. Tout deux ont en commun le fait d'être dans la provocation, en dénonçant presque toujours les piliers d'une société reposant sur la police et sur l'armée. Pour en donner une parfaite illustration, je citerais Stupeflip, car vraiment, il n'y a pas plus punk !
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