Le punk et le DIY (15/02/2017)
DIY, Do It Yourself (autrement dit "Fais le toi-même !"), est une notion venue du punk, basée sur quatre grands types d'activités auto-déterminées : L'auto-production, l'auto-distribution, l'auto-promotion et l'auto-gestion.
Grâce au DIY, se mettent à proliférer, dans les années 1970 bon nombre de fanzines, de disquaires et de labels indépendants. Dès 1977, plusieurs labels indépendants britanniques sont créés grâce à cette notion, tels que par exemple Small Wonder Records, Beggars Banquet Records ou encore Rough Trade ( label du groupe Métal Urbain ). On parle ici d'un nouveau modèle économique parfaitement viable, instauré par New Hormones, label fondé à Manchester par Richard Boon, le manager des Buzzcocks.
Le sociologue Simon Firth rappelle que, dans les années 1980, près de quatre-vingt dix nouveaux labels voient le jour en Grande-Bretagne. Et il en est de même pour la France et les Etats-Unis, avec Dangereuse Records ou encore Bandage Records, le label des Bérurier Noir. Ces labels sont façonnés par des musiciens punks sans aucune formation dans le monde des affaires. Leur entreprenariat fonctionne uniquement grâce aux compétences de chacun. Se forme alors un nouveau marché, basé sur les échanges capitaux symboliques, un véritable marché concurrentiel.
Aujourd'hui, le marché punk se déploie dans le domaine de la musique, mais il s'est également développé en littérature, en poésie, en peinture, dans la photographie, ainsi que dans le cinéma, la bande dessinée, le théâtre et la mode.
Les labels indépendants punks ont aussi une dimension pédagogique, ils aident les groupes à apprendre à se former eux-mêmes, et cela grâce à leur propre expérience. Plus tard, des sortes de guides, sous forme de fanzines, sont écrits par des punks à la manière d'une "notice" pour s'essayer à prendre des initiatives et faire les choses par soi-même. Ces DIY touchent alors de nombreux secteurs comme ceux de l'édition de fanzines et d'ouvrages littéraires, également ceux se rapportant à l'organisation de concerts ou à la diffusion d'émissions de radio. Aujourd'hui, on retrouve de nouveaux guides, issus du punk, portant sur la conception de sites internet, mais aussi de recettes de cuisine ou de bières pour brasseurs amateurs. Il semble que ce type de guides ait été initié par les Hollies, un groupe britannique qui avait publié, en 1964, un livre intitulé " Comment gérer un groupe Beat ".
Les punks ont ensuite développé ce système sous forme de fanzines. En effet, Sniffin'Glue, fondé en 1976 par Mark Perry, est le premier fanzine punk britannique dans lequel l'éditeur invite ses lecteurs à réaliser leurs propres journaux avec les moyens du bord. Il en avait donné l'exemple, et la motivation, en bricolant une publication tirée dans un premier temps à 50 exemplaires avec l'aide de sa copine chargée de l'imprimer à son travail.
Le but du DIY, et des labels indépendants, est de démystifier le processus de production culturelle, en soulignant le fait que chacun est capable de passer à l'acte, faisant ainsi la démonstration que l'authenticité est garantie au sein de petites structures indépendantes, tandis qu'elle sera toujours corrompue au travers des multinationales de l'industrie discographique. Aujourd'hui encore, de nombreux groupes s'auto-produisent, et le DIY, perçu également comme une pédagogie autre qu'institutionnelle, encourage un grand nombre de personne à transmettre gratuitement un savoir-faire.
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