Le punk, un écolo (16/02/2017)
Affiche de la tournée de 2002 du groupe Dead Things. Au cours de cette tournée, le groupe a parcouru plus de 2000 kilomètres, pour donner douze concerts.
Si vous préférez vous déplacer à vélo plutôt qu'en voiture, si vous évitez de manger de la viande ou que vous êtes même végétarien, voire vegan, et que vous rêvez de vous installer à la campagne et de vivre des produits bio de votre jardin, il se peut que vous soyez punk.
Aujourd'hui, au Kalimantan, une partie de l'île de Bornéo en Indonésie, des communautés punks luttent pour préserver la forêt tropicale et protéger les ours en voie de disparition.
Aujourd'hui, un groupe punk appelé Rise Against soutient Amnesty International et crée une ligne de chaussure végétalienne pour la marque Vans.
Aujourd'hui encore, des punks luttent pour la défense des animaux contre l'industrie alimentaire et revendiquent l'autonomie collective en milieu rural.
En effet, contrairement à l'idée que l'on se fait du punk, celui-ci n'est pas forcément un individu nihiliste, dénué de tout projet, insouciant de l'environnement. Nous associons le punk au célèbre slogan " No future " scandé par Johnny Rotten, mais cette étiquette est loin d'avoir gagné le coeur de tous les punks ! En réalité, la contre-culture punk est à l'avant-poste en matière d'écologie, voire d'écologie radicale. Chaque cause écologique défendue par les punks est liée à une critique du système économique, social et politique qu'ils dénoncent lors de manifestations. Leur militantisme radical, pouvant aller jusqu'à l'éco-sabotage, est souvent complexe, car plein de contradictions. Lors de critiques contre la consommation de viande par exemple, identifiée à une forme de cruauté humaine, certains punks vont adopter un régime alimentaire vegan, mais d'autres en revanche vont aller saluer la mise en vente de produits vegans chez Burger King, pourtant une chaîne de fast-food industriel proposant à sa clientèle des aliments à la provenance douteuse.
L'identité éco-punk s'articule autour de trois grandes idées : une critique radicale du néo-libéralisme, l'action spontanée et la réappropriation des savoirs-faire permettant l'autonomie pour cultiver la terre et se détacher ainsi du système marchand. Cette notion de retour à la terre est illustrée par la chanson du même nom, du groupe Fatals Picards, vue sous un angle moqueur. Dans cette chanson, on parle du retour à la terre tel que l'envisagent les hippies dont la philosophie n'est pas étrangère à celle des éco-punks.
Le mouvement punk et ses pratiques écologiques peut être mis en relation avec d'autres mouvements, antérieurs ou contemporains, tel que le " guerillia gardening " inspiré de l'expérience des squats. Ici les guérilleros jardiniers investissent des friches pour y cultiver de quoi se nourrir en s'extrayant ainsi du monde de la marchandise. Les éco-punks sont d'ailleurs particulièrement attachés au concept de jardin collectif (ou jardin partagé) que l'on retrouve dans certaines communes, là où des parcelles de terre étaient restées à l'abandon.
Dans sa poursuite de la critique du monde capitaliste, l'action écologique des punks témoigne ainsi de leur ardeur contre l'univers techno-industriel. En affirmant leur position sur la défense inconditionnelle du vivant et afin d'en finir avec la société de consommation, ils reprennent le flambeau de grandes figures de référence parmi lesquelles Henry David Thoreau, l'auteur de Walden ou la vie dans les bois, un livre rédigé en pleine nature dans une cabane que l'écrivain avait fabriqué de ses mains.
11:44 | Lien permanent | Commentaires (0)