Interview de Mathias Gourvennec (17/02/2017)
Mathias Gourvennec, 60 ans, résidant à Morlaix et collectionneur de disques, répond à la question : " Pour vous, qu'est-ce que c'est que le punk ? "
Mathias Gourvennec : C'est une véritable révolution musicale dans la mesure où ce mouvement fait voler en éclats tous les académismes. Et d'abord en modifiant l'idée selon laquelle il faut avoir appris à lire la musique pour jouer d'un instrument. La doctrine punk, si l'on peut parler d'une doctrine, incite à vous emparer de n'importe quel instrument en vous assurant que vous saurez en jouer. Cette idée selon laquelle on devient artiste à l'instant où on le décide se rapproche de l'Art Brut. Quelqu'un qui n'a jamais suivi des études d'architecte se met à bâtir un édifice sorti de son imagination, cela devient le Palais Idéal du Facteur Cheval. Pour moi le punk, c'est une leçon de liberté totale, voisin en quelque sorte du free jazz, sinon que les jazzmen savaient pour la plupart déchiffrer une partition. L'histoire de ce moment ne commence pas, à mon avis, avec les Sex Pistols. Lorsque j'écoutais les Kinks au milieu des années 60, c'était déjà du punk. Ce qui est extraordinaire par ailleurs c'est la longévité et la fécondité de ce mouvement. Le groupe Clash n'est pas son dernier mot. On le retrouve tout au long des années 80 avec des groupes comme les Cure, les Talking Heads, XTC, DNA, Pere Ubu et Sonic Youth. Curieusement, son énergie continue de s'exprimer au-delà des frontières d'où il est pari, l'Angleterre et les Etats-Unis. On le retrouve aujourd'hui au Mexique et au Japon avec des groupes comme TsuShiMaMiRe ou Los Kung Fu Monkeys. C'est dire que les punks ne sont pas décidés à rendre les armes.
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