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Conclusion

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Photographie d'un "punk à chien" par Raphaël Auvray, photographe publicitaire et culinaire à Rennes. 

Finalement, peut-on dire que les punks d'aujourd'hui ont toujours les même valeurs qu'il y a quarante ans ? Après des recherches au travers de livres, de magazines, d'émissions télévisées et de films, après avoir mené des interviews et écouté de manière assidue des musiques punk d'hier et d'aujourd'hui, il est difficile d'apporter une conclusion définitive. 

Lorsque nous avons interrogé un punk sur ses propres valeurs, il nous a tout simplement répondu : " Des valeurs ? Mais ma valeur est justement de ne pas en avoir ! ". Autant dire que le travail s'est avéré beaucoup plus compliqué que prévu ! Le titre de ce blog, "Les punks ont des valeurs", est à double sens. Il évoque les valeurs morales du mouvement et ses valeurs économiques. Ce sont les deux aspects que l'on a essayé de décortiquer.

Même si aujourd'hui certains punks conservent l'apparence en portant des rangers ou un bomber, il n'est pas sûr qu'ils aient conservé l'esprit rebelle des origines. La dimension révolutionnaire du punk cherchant à défier le système tend sans doute à disparaître laissant place à de simples préoccupations musicales. Toutefois, nos recherches montrent que l'esprit punk continue en perpétuant l'idée du DIY (Do It Yourself) ou en s'engageant dans des causes au nom de l'écologie et de l'environnement. Cette continuité se retrouve aujourd'hui dans l'idée de gratuité (concerts gratuits), d'auto-production et d'auto-édition (labels indépendants autogérés, disques auto-édités) ou dans le fait de vouloir se nourrir des produits de son jardin.  

Cependant, le punk qui incarnait autrefois des valeurs anticapitalistes a probablement moins de scrupules à désirer se vendre aujourd'hui. Sa musique est devenue plus commerciale, ses vêtements plus populaires. Le punk fait des campagnes publicitaires pour promouvoir des tournées et il commercialise des produits dérivés à l'effigie de son groupe...  Mais l'on peut dire qu'il s'agit d'un fait presque normal, car toutes les contre-cultures finissent un jour ou l'autre par être récupérées. Dès lors que ses valeurs consistaient à s'opposer au capitalisme, le fait d'appartenir de plus en plus à la culture mainstream, laisse penser que le mouvement punk s'est affaibli, qu'il est peut-être anéanti. 

Musicalement cependant, la scène punk-rock est en évolution permanente, tout comme l'a été le jazz qui est passé du style New Orleans au be-bop. La période puriste du punk aura été plutôt brève, elle n'aura duré que quelques années. Le punk s'est transformé en post-punk, new wave, cold wave... tout au long des années 1980. Et il existe encore aujourd'hui, partout dans le monde, des groupes punks qui ont suivi l'influence d'autres genres musicaux comme le noise, l'électro ou le rock gothique ... 

En conclusion, nous ne prendrons pas la responsabilité de dire que le mouvement punk est mort. Ses valeurs ont infiltré l'esprit de personnes dans leur manière de penser et dans leurs actes au quotidien. Certaines personnes peuvent même revendiquer d'être punk sans porter l'iroquoise. On peut certainement parler de relève en observant les " teuffeurs " ou le combat des zadistes contre le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, par exemple. A l'évidence, l'esprit punk a changé de forme. Sa musique n'est plus celle des Sex Pistols. Ses convictions sont celles d'écologistes radicalisés. Il n'est certes plus un mouvement mais un ensemble d'expériences isolées, communautaires, une façon de vivre et peut-être de survive dans une époque étrange où les gens acceptent d'être des moutons de Panurge. 

 

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